vendredi 28 décembre 2018

2018 adorables

Les pigeons et corbeaux n'ont pas pu écouter un nombre considérable d'albums cette année. Notre bulletin n'est jamais qu'un instantané complètement subjectif et humble des quelques centaines de disques écoutés cette année, rapporté à la quantité monumentale de disques parus, des dizaines de milliers de joyaux et de merdes.
En agglomérant cette liste, je me suis rendu compte que la scène locale se porte bien. Cinq groupes français, Rhume Carabiné, Delacave, Villes Nouvelles, Rendez-vous et Yves Bernard, y figurent en bonne place. Soutenez-les, adorez-les, bref, allez les voir.
Tu trouveras dans la liste des albums qui n'ont (malheureusement) pas de support physique. Même pas une cassette à cinquante copies. C'est une tendance lourde de la production musicale. Bientôt, seuls les dinosaures stockeront encore des disques chez eux. Ou bien on trouvera à nouveau des vinyles dans les supermarchés...
Innovation cette année, j'ai essayé d'arranger les albums en fonction d'un classement. L'opération Top 25 commence ainsi...


1 - Villes Nouvelles ‎– At The End Of Truth (Detriti)


Le disque favori de 2018 vient d'Aix-en-Provence via un label de Berlin. On en a parlé récemment sur ce même blog. Frissons à chaque écoute.


2 - Decades/Failures ‎– Untitled No​.​4 (DIY)



Le EP sorti par Decades/Failures en 2018 fait suite à une excellent LP qu'on avait déjà beaucoup apprécié. Il ne bénéficie toujours pas d'un support physique, on doit se contenter de téléchargements plus ou moins officiels. Ça n'empêche pas la musique de tuer, comme on l'avait dit ici même quelques mois auparavant.



3 - Rhume Carabiné ‎– Marcale (Poutrage, Distag, Vague Á L'âme, Araki)



Tout nouveau, tout chaud, le très attendu album de Rhume Carabiné, premier à paraître en vinyle, dépasse tout ce que Loïck a pu faire jusqu'à présent. Il est passé aux choses sérieuses. Nous partageons beaucoup de goûts musicaux lui et moi, mais encore faut-il transformer ses idées en actes. L'album pioche dans des influences variées, de Taxi Girl à Noir Boy George, avec suffisamment de variété entre les morceaux et de crudité dans les textes pour avoir envie d'y revenir encore et encore.



4 - Preoccupations ‎– New Material (Jagjaguwar)




Un des rares "gros" disques de la liste, édité par un gros indépendant. L'album a été passé au crible il y a quelques semaines. C'est une petite merveille de précision qui dépasse les genres et devient lui-même une référence, une pointure P&C comme Merchandise, Soft Kill, Drab Majesty, etc. dont tous les disques sont scrutés, creusés.



5 - TRAITRS ‎– Butcher's Coin (Manic Depression)



TRAITRS pourrait gagner aisément le titre de meilleur groupe vintage en 2018. On ferme les yeux, on ne laisse bercer et on ne sait plus si le disque est paru maintenant ou en 1983. Il avait fait l'objet d'une causerie en septembre. A réviser au plus vite si tu écoutes encore Faith de temps en temps.




6 - Words And Actions ‎– Senza Veleno (Detriti)



Ce premier vinyle après une foultitude d'excellentes cassettes, avec un style délaissant peu à peu les sons techno pour ne garder que des éléments bruts de fonderie, était guetté comme le lait sur le feu. J'avais adoré le précédent, Pensieri Di Nessuno, hymne à la ritale darkwave. Senza Veleno se situe dans la même veine, entre chaos subtil et suprême claquade d'un rythme jerk qui te chope les baskets. Envoûtant et inattendu.



7 - Yves Bernard ‎– Demo (Future Folklore, Cool Marriage) 



Incursion synth-punk dans cette liste, la cassette d'Yves Bernard aurait pu tout aussi bien sortir en LP que personne n'aurait trouvé ça étrange. Surtout pas les fans de Metal Urbain et de Plastic Bertrand. Elodie en a très bien parlé ici. Album complètement addictif, on attend la suite !



8 - This Is The Bridge ‎– Broken Sculptures (Tonn)


Sorti au tout début de l'année, c'est sans doute le premier disque de 2018 que j'étais sûr de retrouver dans cette liste. Ça envoie la darkwave brillamment ça madame. Comme les Anglais savent faire depuis Gary Numan. Redoutablement efficace. 



9 - Dancing Plague ‎– Pure Desperation (Black Verb)


Suite de l'énorme démo Habitual, le premier album de Conor Knowles est paru dans une version supra limitée que seuls quelques affranchis ont pu atteindre. Bien dommage car cet album a le potentiel pour faire danser dans les soirées de l'ambassadeur. Voire même dans ton salon. Qui sera le bienfaiteur de l'humanité qui mettra ces morceaux en galette ?



10 - Delacave ‎– Window Has No Glass (24h/jamais, POUeT! Schallplatten, Teenage Menopause)


Habitués des listes P&C, les Delacave ont encore sévi en 2018 et se trouvent justement récompensés de leurs efforts. Enfin, on n'a pas l'impression qu'ils forcent. Leur zik coule, elle va de soi. L'album flirte avec les genres comme une musique de traverse. Il faut s’asseoir et écouter. Se laisser submerger. Oublier le neofolk, le kraut, les olives, le noyau, le pêcher. Entendre la complainte et y adhérer.




11 - Constant Mongrel ‎– Living In Excellence (Anti Fade, La Vida Es Un Mus)



Une autre vieille connaissance des P&C, dont on avait parlé dans notre page australienne en 2017. Retour en grâce avec un magnifique album sur le label du magnifique Paco Mus, il aurait dû faire l'objet d'une bafouille si le temps était moins contraint et mon courage plus grand. Si comme moi tu trouves que les disques de Total Control ne sont pas assez nombreux, Constant Mongrel t'offre une option intéressante, moins électronique peut-être ? finalement une valeur sûre de cette année, qui s'écoutera encore et encore.




12 - Death In June ‎– ESSENCE! (New English)


Le maistre Douglas n'avait pas produit d'album studio depuis une petite dizaine d'années, le temps sans doute de trouver l'inspiration pour renvoyer une fournée. Le disque devrait ravir les fans. Il y aura bien des grincheux pour se plaindre, il y en a toujours, mais dans l'ensemble j'ai été emballé par cette galette à peine parue. Elle me rappelle assez The Rule Of Thirds dans son équilibre. Plutôt calme, voix en avant, l'album cache ses armes et ses lames. A la deuxième écoute, tu sais déjà que ça ne sera pas la dernière. 



13 - Psychic Guilt ‎– EP1 (DIY)



Autre projet de Conor Knowles, j'ai adoré son premier EP, lequel avait d'ailleurs fait une apparition sur ce blog. J'ai croisé les doigts toute l'année en espérant une sortie en 12" qui aurait fière allure. Je suis bon pour attendre encore un peu on dirait. Psychic Guilt a sorti (enfin...) un autre EP à l'automne, qui attend aussi une édition physique pour qu'on puisse écouter autre chose que du son compressé.



14 - Soft Kill ‎– Savior (Profound Lore)


Pas très original de retrouver un disque de Soft Kill dans une liste P&C, même si celui-ci n'est pas dans mes "tous favoris" de l'année. Les moments glorieux sont à mon goût un peu moins nombreux que sur les disques précédents. L'album fond tranquillement à l'écoute, il aura sa place dans la discothèque, mais je suis persuadé que je jouerai d'autres disques de Soft Kill avant celui-ci. Ça reste tout confort.


15 - The Column ‎– Oracle (Funeral Party)


Très bel OVNI proposé par Funeral Party, inégal certes, il contient des morceaux dantesques dont on avait parlé cet été. A sa juste place dans cette liste, j'espère entendre un autre album de The Column l'an prochain. Grand espoir du post-punk.



16 - Valuemart ‎– Homegrown Vandal (Different Humans)



Autre grand espoir du post-punk, auteur d'un album autoproduit délivré uniquement en CD, Valuemart varie les plaisirs dans une vaste plaine allant de la darkwave au death rock. Pas du tout éloigné du registre de Rhume Carabiné. Sorti dans un certain anonymat, j'ai eu la chance de pouvoir croiser sa route et d'attraper aussitôt un disque. Seras-tu assez rapide ?



17 - Arse ‎– Primitive Species (Grupo, Erste Theke Tonträger)


Le mauvais garçon de la liste, le morveux qui fait rien comme il faudrait. Si Hank Wood était australien, il ferait partie de ces espèces primitives. Le disque est paru originellement en 2017, mais la sortie vinyle a attendu cette année... S'il te faut du sang frais, bois-le maintenant.



18 - Product KF ‎– Product KF (DIY)


Une production made in Chicago dont je ne sais foutre rien, à part que ça me plait. La lignée post-punk est pure, c'est sûrement des elfes ou un truc du genre. Le son de la démo respire l'authentique, le passionné resté perché en 1981. En quatre titres la messe est dite. En avant l'album maintenant.



19 - Aus – Aus (Static Age)



Excellente surprise que ce groupe allemand ! Cet album est d'abord paru sous la forme d'une cassette démo immédiatement éditée en vinyle par le label punk Static Age à Berlin. Heureuse initiative qui me permet de me souvenir de toute une pelletée de groupes à chanteuse comme Kebab (les belges) ou Kleenex (les suisses). Le disque est globalement réussi et "égal". Le genre à venir régulièrement se frotter au diamant.


20 - Selofan ‎– Vitrioli (Fabrika)


‎Première apparition dans P&C pour les grecs de Selofan, animateurs de la darkwave des balkans. Vitrioli, leur 6ème album, me parait leur disque le plus abouti, quoique inégal. Les tubes qu'il contient te feront danser jusqu'au bout de la nuit. En particulier ce Give Me A Reason digne des plus grands hits New Wave.


21 - Rendez Vous ‎– Superior State (Artefact)


Les avis sont partagés chez P&C sur les deux albums de Rendez-vous. Personnellement je préfère celui-ci. Je trouve qu'ils ont mûri dans la composition sans tomber dans le piège Iceage de la zik trop hermétique. Et je suis donc favorablement curieux de les voir défoncer le plancher d'un bar près de chez moi avec leur post-punk fringant. 




 22 - Wind Atlas ‎– An Edible Body (B.F.E, Hidden Track)


Ce nouveau disque de Wind Atlas propose un son plus électronique que le précédent, ce qui m'a un peu décontenancé. Je m'attendais à mon neofolk favori, ils me livrent une mixture moderne certes, mais moins facile à digérer. Les tubes du disque, Shedding Light en tête, suffisent à lui procurer une place dans cette liste. 



23 - Suir ‎– Soma (Manic Depression, Black Verb, DIY)



Le duo Suir fait plutôt dans la dentelle. Noire bien sûr.  J'ai vraiment bien accroché sur le face B du LP, qui me parait plus dense. Je trouve l'album très cinématique, il accompagnera idéalement tes virées nocturnes en voiture, à condition que tu ne sois pas trop pétochard. La peur du noir.



24 - Living Temples ‎– Against The Day (Manic Depression )


La note suédoise sur cette  liste. Il y en a souvent une... Le disque de Living Temples a un parfum death rock que Chris Connely ne renierait sans doute pas. Si tu as un tatouage des Sisters ou l'intégrale de King Dude, tu pourras te délecter des ambiances goth de Against The Day.



25 - Lycia ‎– In Flickers (Projekt)


Une quinzaine d'albums au compteur de Lycia, gardiens du temple 4AD contre vents et marées. Reformés en 2010 après un long hiatus, ils en sont à leur 4ème disque de cette nouvelle ère. C'est un album paisible plein d'une darkwave qui tire vers le neofolk et le romantisme. Il se pose, enchaîne ses titres, ses harmonies et tu te retrouves comme recouvert de neige.



26 - Travesty Child ‎– Lineage Of Hurt (DIY)



Un dernier pour la route. Pas de support physique pour cet EP, qui possède un joyau, Homage, en son cœur. Un morceau à la ligne de gratte absolument beautiful. J'attends de grandes choses de ce groupe à l'avenir. Un album avec plusieurs morceaux de cet acabit se retrouvera forcément dans mon prochain classement, qui arrivera sans doute encore plus vite que celui-ci. (Ph)

samedi 22 décembre 2018

Villes Nouvelles ‎– At The End Of Truth

Le premier album sous le nom Villes Nouvelles des anciens Chambre Froide est une franche réussite. Si des noms comme Martin Dupont ou Kas Product t'évoquent quelque chose, précipite-toi vers la boutique Detriti, le disque devrait être épuisé rapidement.



L'album sera très haut dans le top 2018 P&C, probablement dans les cinq favoris. Rempli ras-la-gueule de bonnes idées, inspiré, tendu, je le choisirai bien avant le Lebanon Hanover par exemple. Je te laisse juge.


Y'a vraiment des fois où il suffit de laisser la musique do the talking. Je peux écouter cet Escape en boucle. Finira sur une mixtape.


Tu pourras entendre le disque en entier sur leur bandcamp, histoire de vérifier que ces deux morceaux ne sont pas un coup de chance. 
Rendez-vous donc dans quelques semaines pour un retour sur l'année P&C et notre choix de disques. (Ph)

mercredi 5 décembre 2018

Rudimentary Peni ‎– Cacophony

Entre Death Church et Cacophony, mon cœur balance. C'est quand même plutôt le second que je joue le plus souvent. Instinctivement. J'ai pourtant mis du temps à percer la cuirasse de ce monument du death rock. Ayant découvert les deux albums simultanément au moment de leur sortie en CD en 1994, j'ai été renversé par l'abondance des morceaux et leur format très court, plus habituel dans le hardcore punk



Voilà donc l'affaire, un disque inspiré par la scène hardcore, dans son format, dans son ambiance, mais à la musique résolument post-punk, tendance death rock. Cacophony envoie donc trente titres qui durent entre trente-cinq secondes et trois minutes. L'univers Crass n'est jamais très loin, mais Blinko et sa bande respectent leur plan de marche original tout au long du disque.


Pas étonnant que les RP's aient inspirés nombre weirdos incluant pontes du grunge et de la noise. Je continue d'acheter leurs disques, qui ne déçoivent jamais. Ils sont un repère essentiel, recoupant avec talent plusieurs styles. J'aime aussi l'art visuel développé par Blinko, il fait partie de la recette et, lui aussi, a inspiré un grand nombre de dessinateurs en herbe. N'est-ce pas monsieur Naga ?



Deux titres sont loin de couvrir tout l'univers de Rudimentari Peni, mais c'est un bon début pour se remémorer à quel point ils étaient créatifs et donc intéressants. (Ph)


dimanche 18 novembre 2018

Preoccupations ‎– New Material

Petit à petit, Daniel Christiansen, Matt Flegel, Mike Wallace et Scott Munro arrivent à produire une version actualisée 2.0 du Depeche Mode de Violator. J'entends sur ce nouvel album autant d'échos de Coldplay que des indices parfaitement post-punk et underground


Je vais pas te mentir, ce disque sera dans le top 2018 chez P&C. Pas possible autrement, chaque titre pourrait se glisser sur une mixtape au milieu d'autres hits. A commencer par Espionage, qui ouvre l'album.


Disque qui se poursuit avec Decompose, où l'on retrouve le son de l'époque Viet Cong. L'équilibre entre rythmes et harmonies me met en apesanteur.


Je pourrais pratiquement poster tout l'album, mais je te laisse découvrir le reste dans ton coin. Je me contenterai d'enfoncer le clou avec Doubt, l'avant-dernier morceau, peut-être le plus sombre.


Il ne reste plus qu'à attendre des dates dans le secteur, j'ai cru voir passer une série en début d'année 2019. Gardons les yeux ouverts. (Ph)

samedi 10 novembre 2018

John Foxx - Metamatic

John Foxx, de son petit nom Dennis Leigh, assurait le chant dans Ultravox! sur le s/t (1977), Ha! Ha! Ha! (1977) et Systems Of Romance (1978), puis il a quitté le navire pour une carrière solo. Il a posé Metamatic (1980), son premier album, comme une pierre angulaire de la darkwave. Eno et Bowie comme ancêtres, Gary Numan comme comparse.


J'imagine que cet album a été conçu pour offrir une musique moderne, voire post-moderne. Je note que la production n'est pas du tout datée. Dans la flopée de disques revival new wave, il passerait inaperçu, si ce n'est que la qualité de compos, la richesse des idées qui le distingueraient du lot. Simplement, le son est complètement actuel. 


Ce Tidal Wave suffit à lui seul à situer Foxx comme une influence majeure des Martial Canterel, John Maus et autres Staccato Du Mal. On trouve aussi sur l'album de sons précurseurs du trip hop, qui n'est jamais qu'une new wave minimale et dansante.


Bien souvent les albums comportent des titres plus forts les uns que les autres, mais celui-ci se tient droit tout du long. Puisque des vidéos d'époque sont disponibles, allons-y gaiement. Celle-ci est extraite d'un Top Of The Pops. Quatre synthés Yamaha sur scène, ça déchire yeux et oreilles.


Tu noteras que le gars John Foxx est toujours actif avec une discographie longue comme le bras. Le second album, The Garden, est aussi très recommandable. (Ph)

jeudi 1 novembre 2018

Bitumen - Bitumen

La sortie toute récente de Discipline Reaction, le premier LP des Australiens de Bitumen, me force à revenir dare-dare sur leur cassette de 2016, une cassette éponyme 10 titres mariant avec soin death rock et post-hardcore, shoegaze et post-punk, évoquant Clockcleaner, Botch, Milk Music et Nun.



La part belle est donnée aux guitares et aux voix sur cet album. Le son un peu sourd, saturé de basses, tolère assez peu le passage sur une sono médiocre, il lui faut de la bonne galetouze pour exister. Pour ça, le DT 770 Pro fait des merveilles. Au casque, l'univers sonore dépressif des Bitumen imprègne jusque l'os.
Il y a quand même quelque chose dans la flotte à Melbourne. La quantité de groupes  qui viennent de ce bled me fait halluciner, sans parler du level de ouf de gonzs, avec Lakes et Total Control comme point de mire. Les Pigeons & Corbeaux seront forcément un jour voyageurs.
Je ne choisis aucun morceau, même si j'ai une petite préférence pour Chroma et son riff Botchien. La reprise du Religion de PIL vaut aussi son pesant d'eucalyptus. Je te propose d'écouter tout l'album, carrément. Ph)




samedi 27 octobre 2018

Atelier Du Mal ‎– Noblesse Oblige

La découverte des trésors sauvages de la New Wave risque de m'occuper encore pas mal d'années. L'an passé, Mannequin records a édité en vinyle cette magnifique cassette des années 80. Très bonne pioche de la part d'Elodie. Le duo italien Atelier Du Mal avait produit un album étonnant, gavé de bonnes idées, à mettre en parallèle avec les premiers efforts minimaux d'un Trisomie 21.


La musique d'Atelier Du Mal est absolument synthétique, lorgne vers la darkwave, mais emprunte aussi des accents pop pas dégueux, ce qui rend l'ensemble très moderne, voire intemporel. J'aurais eu beaucoup de mal à estimer l'année de sortie de la chose. 1984... Laurent Fignon remportait le Tour de France...


Choisir deux titres pour présenter le disque s'est avéré encore une épreuve douloureuse. Finalement je dois avouer que mes titres favoris se trouvent à la fin, en particulier la reprise du Decadence de Underground Life.


Une fois les tubes digérés, le disque s'écoute et s'apprécie dans son entièreté. Il ne contient pas de temps faible. Tout s’y enchaîne avec bonheur et on y revient jusqu'à le connaitre par cœur. Sure keeper. (Ph)


samedi 20 octobre 2018

Japan ‎– Quiet Life

Le groupe de David Sylvian n'est pas très populaire dans mon entourage, pourtant il y a peu de groupes plus précurseurs. Cite-moi un autre groupe ayant produit cinq albums majeurs entre 1978 et 1981. Tu n'en trouveras pas beaucoup. 


Japan propose une forme de glam totalement revisitée. Oubliées les New York Dolls, voici une version moderne et sensible de Roxy Music, avec un son partagé par Talk Talk et Tears For Fears, entre autres virtuoses. La musique de Japan est aussi pop que complexe. A comparer avec celle de Gary Numan par exemple. Mes morceaux préférés se trouvent sur Quiet Life, le quatrième album, à commencer par ce succulent In Vogue.


Il y a une pelletée de groupes qui se sont inspirés de Japan. De tête, vite fait, je pense à Duran Duran, à Ultravox, à Simple Minds, à Teardrop Explodes. C'est un groupe qui a mis tout le monde d'accord, y compris et surtout toute une tripotée de musiciens (de l'époque) qui voyaient encore dans le punk une supercherie commerciale.


J'aimerais beaucoup voir un concert de reformation, mais le décès de Mike Karn semble avoir scellé le destin de Japan. Reste les progressions avant-garde de David Sylvian, qui, comme Bowie, a toujours su très bien s'entourer. On parlera sans doute un jour du sublissime Gone To Earth publié en 1986, où Sylvian est accompagné de Steve Jansen, de Richard Barbieri et de Rober Fripp. (Ph)



mardi 16 octobre 2018

Yves Bernard - Demo


Nous avons eu cette discussion avec ma fille de 11 ans à propos de la démo K7 d’Yves Bernard :
- Maman, tu dirais que c’est quoi comme musique Yves Bernard ?
- Euh… du punk rock… euh… avec des synthés donc alors du synth punk… un peu garage quand même… 
-  ???
- Bon, on s’en moque du style. T’aimes bien ? 
- Ouais, j’adore !
Depuis, on écoute la démo quasi tous les matins quand je l’emmène à l’école et on chante Les zombies du supermarché.  Faut dire les paroles sont drôles :
l'odeur du sang, le goût du flan
les excitent à présent
je vois des gens morts
ils ont mangé au déjeuner
les agents de sécurité
je vois des gens morts


Si ma fille et toute la famille d'ailleurs aiment autant cette K7, c'est qu'elle envoie et que ce groupe ne fait pas que dans la rigolade : sous ses airs toujours dansants, Yves Bernard met en musique des tranches de vie qu’on a tous un peu vécues. Mon titre préféré est Dans la rue.


Les Yves Bernard viennent de Grenoble (France) et la demo est sortie sur Future Folklore Records ‎et Cool Marriage Records. (El)



dimanche 14 octobre 2018

Rhume Carabiné ‎– Pleurs Chagrin / Le Sang Est la Seule Chose Au Monde Qui Ne Puisse Passer Inaperçue

En douce, le gars Loïck Le Hénaff distille ses tubes avec une régularité sans faille. Dans le sillage de Noir Boy George, de Yussuf Jerusalem, de Jessica 93, la musique de Rhume Carabiné, minimale et synthétique, s'évertue à contredire que le rock se joue en groupe. Loïck est seul sur scène, tout seul.


Les deux dernières cassettes viennent de se voir compiler en CD. Le tout dernier morceau est sans doute la complainte la plus déchirante que j'ai pu entendre ces temps-ci. Kit corde-tabouret fourni en option, édition limitée. 


Rhume Carabiné arrive à varier les tons et les genres, sur chaque cassette flotte aussi un peu de power electronics et de darkwave. La compilation reflète toutes les influences, certains titres ont l'aspect tubesque du Rectangle de Jacno par exemple. 


Le fond de commerce de Rhume Carabiné reste relativement sombre et je suis curieux de savoir l'effet que vont avoir ces chansons sur les pensionnaires de la Maison d'Arrêt de Reims où Loïck se produira bientôt. Low life


On retrouve sur la compilation les morceaux de Pleurs Chagrin, disque versatile où se cachent quelques gemmes comme ce Copain. En attendant, c'est promis juré, un premier vinyle qui va tout décoiffer. (Ph)


lundi 17 septembre 2018

Tulipomania ‎– This Gilded Age

Quatre albums en une quinzaine d'années, voici la production mesurée de Tom Murray, Cheryl Gelover et de leur curieuse bête Tulipomania. C'est avec ce quatrième opus que je les ai découvert, et This Gilded Age m'a clairement donné envie de creuser le sujet. L'atmosphère du disque me rappelle beaucoup le dernier Magazine - No Thyself. J'y trouve aussi des bouts de Xiu Xiu, du Nick Cave, du Japan et même du Sicbay. De l'authentique écorché romantique.


Les chansons de Tulipomania, finement ficelées, confrontent l'art rock et le post-punk sans chercher de vainqueur. Les deux influences se soutiennent, se motivent. Elles permettent au disque de posséder une fraîcheur rare, terriblement addictive. La création se trouve à tous niveaux, même visuels.



Le disque aurait eu tout à fait sa place dans mes favoris de 2016. Il aurait juste fallu que je l'eusse découvert alors. Mais, voilà, la planète Tulipomania m'était inaccessible pour je ne sais quelle raison. Je ne m'explique pas comment un tel groupe n'a pas encore chopé une renommée de dingue. Une faille spatio-temporelle sans doute.



Le groupe s'est fait une spécialité de produire ses propres vidéos, toutes très créatives malgré des moyens financiers qu'on devine limités. Patience et inspiration comme clés de voûte. Comment ne pas être sous le charme ? Tu trouveras des galeries d'images ici et . Ne t'en prive pas.

Je voulais absolument mettre en lumière le dernier morceau du disque. La compo est parfaite. Entrainement par courroie, gravitation stationnaire. Je suis scotché. (Ph)



samedi 8 septembre 2018

TRAITRS ‎– Butcher's Coin

Progression inéluctable, après une démo, un EP 7" et un mini-album, le LP Butcher's Coin vient juste d'asseoir les Canadiens de TRAITRS ‎dans les héros de l'année 2018. Il te suffira d'écouter un ou deux morceaux pour t'en convaincre.



Paru sur plusieurs labels dont le toujours sérieux Manic Depression en France, le disque m'a envoyé au tapis dès le second morceau Thin Flesh. J'ai l'impression d'écouter un titre perdu de The Essence ou de The Sound. Alerte fan de Cure !



Si ce morceau ne suffit pas à te convaincre, mais que tu as un doute, The Suffering Of Spiders mérite aussi un coup d'oreille. En echo peut-être à des araignées coincées quelque part dans le plafond, à l'intérieur.


La production du disque est tout à fait convaincante, dans la lignée des illustres compatriotes Psyche dont on a parlé dans ces feuilles il y a quelques années. Des dates en Europe, une en France, se préparent... Joie ! (Ph)

samedi 1 septembre 2018

Nexda ‎– Words & Numbers

Les Hollandais de Nexda jouaient une forme de cold wave minimaliste, avec des accents peut-être empruntés à PIL ou autres pionniers du son. Blowpipe, Emotional Rescue, Mannequin se sont associés pour éditer une compilation de leurs 12" EPs de 1982. Comme on dit aux Pays-Bas, c'est de la bonne.


Si tu kiffes ton Swans bien primitif, il faut absolument que tu poses les oreilles sur cet objet. J'aime beaucoup la sincérité et la fraîcheur qui suintent au long du disque. Certains morceaux comme ce Foureightynine me ramènent au pays de Guerre Froide.


Tu auras remarqué des envolées dignes de David Byrne des Talking Heads, une production froide comme la douche d'un squat sibérien en hiver, d'excellents éléments pour un vrai morceau de bravoure darkness. Confirmation avec le tube Fivesixtyeight.


Je ne sais pas ce qu'est devenu Ivo Schalkx, le créateur de tout ce brin. Il mérite ma reconnaissance éternelle pour avoir touché la grâce d'aussi près. (Ph)



jeudi 23 août 2018

Words And Actions ‎– Pensieri Di Nessuno

A quelques jours de la sortie de Senza Veleno, le nouvel album de Words And Actions, P&C te propose un flash back léger sur leur cassette de 2016 Pensieri Di Nessuno. 



Si Senza Veleno sera leur tout premier à paraître en vinyle, ça ne doit pas t'empêcher de te pencher sur l'affaire puisque ce sera leur sixième album ! Dans le tas, j'ai un faible pour Pensieri Di Nessuno, qui balance entre le jerk taciturne de Jesus And Mary Chain et l'EBM de Pankow. Parfum minimal, dosage subtil. Le poison est lent, mais puissant.


Le disque insidieux se propage donc assez vite dans les neurones. On y revient, on cherche la cassette. Peine perdue, sortie à 40 exemplaires, mieux vaut se rabattre sur une version CD plus récente, en attendant peut-être un pressage vinyle qui aurait de la gueule. Je garde espoir innocemment. J'attends aussi une édition vinyle des albums des Branches. En tous cas, si tu as du sang de goth il t'en faut un bout.


Bien sûr on nage ici en plein DIY, les jeunes gens fricotent avec le label berlinois Detriti. Raison de plus pour soutenir. (Ph)



vendredi 3 août 2018

The Column - Oracle

Le gars Reuben Sawyer, une vielle connaissance, a délaissé son projet Hollow Sunshine (split avec Austrasian Goat en 2010) pour se concentrer sur The Column, entité New Wave Non Identifiée.


C'est sur le toujours parfait Funeral Party qu'est donc paru le premier album de The Column. Dès les prémices, le chorus de guitare calé à 10, on se laisse porter par une écriture irréprochable. L'addiction s'installe.



Ce Ladder Of Love me hante depuis une semaine. Suffisamment pour que je considère déjà cet album dans les favoris de l'année. Le disque est immédiatement rangé du côté de ceux de Total Control et de Soft Kill. (Ph)



dimanche 10 juin 2018

I'm So Hollow ‎– Emotion / Sound / Motion

L'unique album de I'm So Hollow est paru en 1981, période où la new wave anglaise était particulièrement puissante et variée. Assez éloignée de la musique synthétique des voisins de Human League, le post-punk de I'm So Hollow me fait penser à un curieux mélange de Monochrome Set, de Fad Gadget et des B-52's.


Temps de ressortir des abîmes cet album méconnu. Le temps d'ailleurs ne semble pas avoir de prise sur lui. Le son parait très actuel. Démonstration avec Entrance, dont la longue intro nécessite patience et obstination avant d'arriver aux choses sérieuses.


Une fois entré dans le disque, on s'y love en contemplation. Les titres s’enchaînent, l'ambiance se fait plus lourde, délicate mais dangereuse.


Le groupe avait sans doute le potentiel pour aller jouer chez 4AD ou chez Cherry Red. Touch est à mon avis le tube post-punk sur le disque, mais je ne crois pas qu'il soit jamais entré dans les charts anglais. Il ne figure pas non plus sur la Peel session enregistrée en 1980. Pourtant, quelle tuerie !


Le disque n'est pas franchement facile à trouver, je te colle la version intégrale. Si tu es en quête d'un peu d'histoire, je t'envoie lire cet excellent reportage sur le Futurama Festival de Leeds en 1980. Des noms ? Siouxsie, Clock DVA, Desperate Bicycles, Durutti Column, Soft Cell, U2, Young Marble Giants, I'm So Hollow... (Ph)



dimanche 3 juin 2018

Sex Tourists ‎– Sex Tourists

Découverts via l'excellent label australien Trackside, les Touristes du Sexe viennent s'ajouter à la longue et fascinante liste de groupes post-punk du bout du monde. Paru en 2017, leur premier album aurait dû figurer sur la liste de la crème de la crème.



Tout à fait dans la lignée de grands frères de Total Control, d'ailleurs Mikey Young signe le mastering du disque tandis que Daniel Stewart s'occupe de le vendre dans sa boutique très recommandable, le trio mixte Ewan Finley, Nicola Babbage et Darius Ottignon propose 10 titres bluffants, plein de maturité et d'instinct. J'oserai la comparaison avec Wire et Magazine.





Si tu n'as pas pris à l'instant une belle torgnole, je me demande ce que tu fais sur ce blog ! Le disque a été édité en Angleterre également par Drunken Sailor, en attendant de pouvoir peut-être voir des concerts en Europe un jour. Rêvons un peu... (Ph)