dimanche 29 décembre 2019

2019 adorables

L'année 2019 étant une période de migration pour les Pigeons et Corbeaux, nous aurons fait au mieux pour suivre la délirante production musicale. Il n'est pas impossible que nous ayons raté des sorties cruciales et, comme chaque année, des bijoux parus en 2019 ne se dévoileront pas avant plusieurs mois ou années. Cette liste n'est qu'un instantané subjectif. Tu pourras y trouver des albums sans support physique, pas beaucoup car on reste très attachés à nos chères rondelles.
Nous avons intégré à la liste des rééditions ou des compilations parues en 2019, même si les versions originales ont parfois plus de trente ans. Certains disques paraissent encore tellement actuels. Il me semble aussi important de souligner les efforts de passionnéEs pour dépoussiérer des merveilles introuvables.
Comme l'année dernière, la liste sera divisée en deux parties présentant chacune vingt-cinq disques, en priorité des albums. Tu noteras la présence solide de la scène locale : A Gethsémani, Berceau Des Volontés Sauvages, Meager Benefits, Constance Chlore, Computerstaat et Rien Virgule intègrent la première liste.
Pour finir, tu remarqueras peut-être l'absence de plusieurs favoris dont les opus 2019 nous ont quelque peu déçus. Parmi eux, Drab Majesty, Ritual Howls, Frustration, Pleasure Leftists, Dancing Plague, Night Sins, Boy Harsher, ont édité des albums pas vraiment inspirants quand d'autres artistes nous scotchaient au plafond. Déceptions et bonnes surprises.


1 - Rosetta Stone ‎– Seems Like Forever (Cleopatra)



LA bonne surprise 2019, le retour improbable, le gars qui fait son "meilleur" disque loin dans sa carrière, après avoir quand même sorti quelques merdasses technoïdes presque inécoutables. Et bim ! une vengeance glacée et dansante, disque qui s'écoute sans fin.
On en avait déjà parlé en juillet, ici même.



2 - Victrola ‎– Born From The Water / Demos 1983-1985 (Dark Entries)


Cette compilation de démos est une autre belle surprise de l'année. Douze titres calés sur un double LP tout confort, darkwave si tu veux, hits à la pelle, le disque revient sans lasser sous la pointe du diamant. Indispensable



3 - Housewives ‎– Twilight Splendour (Blank)


Les Anglais s'y connaissent en post-punk. C'est rien de le dire et ça se vérifie encore avec le troisième album des Housewives. C'est un disque singulier, qui m'évoque autant Magazine que les Swans. Brillant !



4 - Diät ‎– Positive Disintegration (Iron Lung, Blackest Ever)


Le vent australien souffle toujours sur la planète P&C. Ce disque dépasse mes attentes déjà élevées, ou comment un favori assume son statut avec aplomb, sans concession ni reniement. 



5 - Stockhaussen ‎– XXI (Infravox)


Un autre troisième album qui vient dépasser ces prédécesseurs : prise de risque supérieure, aventure intérieure. La darkwave minimale dépassée, certains morceaux sonnent très classiques, avec un beat dance assumé, d'autres comme ce Face Of God se laissent attraper moins facilement. 
Enregistré à Mexico, paru au Pérou, mais distribué en Europe par Young And Cold, tu n'as plus d'excuse pour ne pas succomber au charme de Angel Kauff.



6 - Institute ‎– Readjusting The Locks (Sacred Bones)



Nous scrutons tous les albums d'Institute avec attention et à raison : ce nouvel album me rappelle les Buzzcocks et Wire dans sa simplicité et son acidité. Le disque se joue bien fort, sans temps mort. Parfait ! Espérons qu'il ait une suite. 



voir aussi : Institute - Catharsis

7 - A Gethsémani ‎– Âme Triste (Tunnel Vision)


Comme un bon fan de la scène dark française (Asylum Party, Fall Of Saigon, etc.), j'espérais un jour une édition vinyle d'Âme Triste, la cassette confidentielle parue en 1987. Le résultat dépasse mes espérances, même si la face B s'étire un peu en longueur. La face A est juste magnifique pour les amateurs de synthé minimal.



8 - Der Blaue Reiter ‎– Epitaph Revisited (Dead Wax)


Très bonne idée de réenregistrer Epitath, l'unique production de Der Blaue Reiter. Cette compilation de démos d'origine italienne éditée par Dead Wax en 2016 a donc trouvé une suite. L'exercice était périlleux, mais Stefano Tirone s'en est admirablement sorti. La réinterprétation est d'autant plus mystifiante que les vocaux originaux ont été mixés à de nouvelles prises de synthés et de guitares. Un goût de remix, très inspiré.


9 - Dark Day ‎– Darkest Before Dawn (Dark Entries)



La première incursion du groupe de Robin Crutchfield dans le monde du neofolk date de 1989 avec cet album édité pour la première fois en vinyle cette année. Le disque explore également des galaxies synthétiques plus proches du classique Exterminating Angels. Beauté.


10 - A Culture Of Killing ‎– The Feast Of Vultures, The Cry Of A Dove (Tape Or Die)


L'Italie décidément à l'honneur cette année, le second album de A Culture Of Killing ‎ajoute une touche peace punk à cette liste. Je trouve les lignes de grattes particulièrement redoutables. L'édition en cassette a le mérite d'exister, mais j'aimerais beaucoup voir une version vinyle des deux albums.


11 - Berceau Des Volontés Sauvages ‎– Seuil (Altaar)


Quand un ex-Iscariote se débarrasse des gimmicks hardcore et se recentre sur l'instinct, l'ombre et la lumière, cela peut donner des objets primitifs comme ce Seuil. Passionné de films, Fabien Thévenot propose donc avec son compère Alban Jamin une incursion en terre cinématique, évite l'écueil de la stérilité et de l'ambition virtuose, pose un disque intéressant, dans une lignée kraut, mais pas seulement. 


12 - R.M.F.C. ‎– Hive Vol. 1 & 2 (Erste Theke Tonträger)


Second bouquet australien cette année, le chouette label allemand Erste Theke Tonträger a eu la bonne idée de compiler les deux cassettes sur une galette. Du bedroom punk aux accents garage, aux lignes impeccables, fonce dans la nuit, poursuivi par les fantômes de Useless Eaters et de Jay Reatard.


13 - Rosk ‎– Remnants (Pagan)


Sur les conseils du copain Jessy, j'ai décidé de prendre un coup de frais en fin d'année. Rien d'étonnant à ce que cet album paraisse en décembre, il suffit de fermer les yeux pour voir la neige tomber. Le disque est une belle réussite aussi bien visuelle que sonore, le gatefold rempli d'illustrations très jolies comme tout.


14 - The Serfs ‎– Sounds Of Serfdom (Detriti)


Il se passe toujours quelque chose chez Detriti, le label est à surveiller comme le lait de soja sur le feu. Parmi les sorties 2019 de Davide, j'ai choisi le LP de The Serfs. Leur démo cassette (2019 également) aurait sans doute fini dans cette liste. On frise la perfection coldwave par moment. J'adore ce Ringing The Changes qui n'était pas sur la cassette.


15 - Solanaceae ‎– Solanaceae (Heiðrunar Myrkrunar)


Edition vinyle très attendue d'un joyau neofolk produit en 2008 par Kim Larssen (Of The Wand & The Moon), le disque file direct dans la liste des adorables. C'est un album qui s'écoute sans fin, en boucle. Rien que le titre qui ouvre l'album vaut son pesant de chuchotements Forseti. 


16 - Meager Benefits ‎– Crawling (Solange Endormie)


Belle surprise de fin d'année que ce Crawling en provenance de Bordeaux. A l'instar d'un Rhume Carabiné, ce projet solo se renouvelle en puisant dans différents styles et en les alliant avec goût. L'album, varié et bien produit, ne tombe donc pas dans le piège de la linéarité, de la monotonie. Je me demande si ce n'est pas le truc le plus proche des godfathers Cure que j'ai entendu cette année.


17 - Slender ‎– Time On Earth (La Vida Es Un Mus)


Le label de Paco est aussi un habitué des domaines P&C puisqu'il n'hésite pas à s'écarter des stéréotypes pour présenter des merveilles comme The Astronauts ou Escroto De Rata.
La démo de Slender ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, mais après l'écoute de cet album je suis revenu dessus. Rien d'aussi extravagant que Time On Earth cependant, qui ratisse dans tous les coins de la bonne musique, du peace punk au kraut en passant par le post-punk


18 - Constance Chlore ‎– Constance Chlore (Simple Music Experience, Et Mon Cul C'est Du Tofu?, Kess Kill)


Il y a toujours un petit air d'EBM dans nos listes. On ne se refait pas. Découverte récente, la cassette de Constance Chlore marie les rythmes dansants aux synthés glacés et ça marche carrément bien. L'album est inégal mais contient ses morceaux de bravoure.


19 - Doric ‎– A Distorted Reality (Infravox)


Déjà plusieurs albums au palmarès de Stathis Leontiadis, dont le très chouette Over Mentality sur Fabrika. Le nouvel opus est dans la même lignée, synth pop new wave élégante, à la John Foxx, ou plus près de nous Martial Canterel.


20 - Computerstaat ‎– In The City (No Reason, Trou Noir Disques)


J'attendais un disque de Plomb, qui n'est pas venu. A la place et sur les conseils d'un fan de Kimmo, j'ai posé les oreilles sur l'album de Computerstaat ‎et l'ai trouvé à mon goût. La recette procède d'une équation simple : bruit + mélodies = musique. L'essence même du punk.


21 - High Marks ‎– Sister Shadow (Persistent Midnight)


Le projet de Drew Haddon continue de nous offrir des perles noires. Depuis Rare Distance, j'écoute toutes ses productions avec attention et celle-ci dépasse les précédentes grâce au hit darkwave Deeply Distorted States qui te fera danser au bout de la nuit.


22 - Rien Virgule ‎– Le Couronnement Des Silex (Zamzam, Permafrost, La République Des Granges)


Ne Rien faire comme les autres, Virgule. 



23 - Current Affairs ‎– Object & Subject (Tough Love)


Une sorte de super groupe écossais lâche en 2019 un album réjouissant. Current Affairs est composé d'ex-Cosmic Dead, Kaspar Hauser, Shopping, Anxiety, rien que du beau linge. Ils ne révolutionnent pas la musique, s'en tiennent plutôt aux fondamentaux. Le premier morceau est une petite bombe, le reste est à l'avenant. 


24 - ISS ‎– Alles 3rd Gut (Sorry State)


De grands habitués des lignes P&C, ISS et autres comparses Whatever Brains remettent le couvert sur un label extrêmement recommandable. J'aime bien les incursions hors du territoire garage, le côté lo-fi, je bricole en nu-pieds. 



Voir aussi : Whatever Brains - 4LP

25 - This Is The Bridge ‎– In The Strangled Air (Tonn)


Pour finir la première partie, monsieur Richard Anderson avec une de ses productions de l'année, qui n'a pas connu la joie de recevoir (encore) un support physique. L'album flotte donc dans les limbes d'un cloud quelconque, toujours rempli ras-la-gueule d'une darkwave savamment orchestrée. 





A suivre...




mardi 24 décembre 2019

UK Decay ‎– For Madmen Only

Si je faisais aujourd'hui une mixtape avec du post-punk goth britton des années 80, j'y mettrai assurément du UK Decay au milieu des Bauhaus, Theatre Of Hate, Fad Gadget et autres Sisters. Le premier album, chargé ras la gueule des hits sombres que tu as sans doute gardés enfouis dans ta mémoire, n'a pas pris une ride. Il est même terriblement actuel. Et quelle belle pochette !


Les accents de Steve Abbott rappellent ceux de Peter Murphy, la confusion entre les deux est possible. Les lignes de guitares fluides et froides s'inscrivent dans le paysage 1981 en contrepoint dans la funky disco qui martyrisaient les charts. La tribalisme de la batterie annonçait la pornography à venir.


Certains titres viennent chatouiller le Zounds, le Wire et le Mob, entre autres, pour donner une consistance particulière à cette œuvre essentielle, manipulant les explosifs punk façon Crass.


For Madmen Only, unique album édité par le groupe dans les années 80, a connu une suite en 2013 avec New Hope For The Dead, un disque qui mérite une oreille ou deux, sans atteindre les sommets de son ainé. Après s'être dispersés dans les non moins fabuleux In Excelsis ou Furyo, que je recommande, les membres de UK Decay se sont retrouvés pour jouer et ils viennent de fêter les quarante ans du groupe. Joyeux anniversaire gentlemen ! (Ph)



dimanche 8 décembre 2019

Les Thugs ‎– I.A.B.F.

Avec Still Hungry Still Angry, le I.A.B.F. des Thugs a modifié la donne du punk franchouille du début des années 90, là où le mouvement "alternatif" dominait en masse. Pas de oi dans les influences, pas d'accordéon, un chant en anglais assumé, de quoi dénoter dans un univers fait de Bérus, de Rats, de Garçons Bouchers et de Mano Negra, sans oublier les nantis VRP, Négresses en couleur, Ludwig, Sheriffs, Gogol... Les Thugs proposaient une autre forme de DIY, plus international, dans lequel je me reconnaissais davantage.



Après l'achat de la chouette réédition proposée par Frank Frejnik sur son label Nineteen Something, j'ai décidé d’inscrire les Thugs dans l'onde Pigeons & Corbeaux, pour plusieurs raisons : d'abord l'importance des Thugs dans cette scène française décomplexée (coucou les Burning Heads !) face à la langue anglaise, puis l'actualité avec la sortie de l'album de Lane, groupe qui prolonge les aventures des frères Sourice, enfin, le principal argument, la persistance des certains des morceaux des Thugs comme classiques éternels.



Voilà ta mémoire peut-être en partie rafraîchie, prête à recevoir une seconde dose. (Ph)